Je suis restée un an en Afrique mais je ne l’avais jamais rencontrée cette poupée … mon œil trop jeune a certainement zappé ce fétiche niais… pourtant à mes yeux maintenant il est de taille.
C’est au Mali que je l’ai remarquée au grand marché. Son air rétro et la couche de poussière qui collait au plastique de couleur improbable m’ont touchée.
Puis je les ai commandées à Yaya du Burkina. Des cargaisons de poupées en plastique ont voyagé depuis en quelques années de l’Afrique à la France pour repartir plus loin encore (Japon, États-Unis). Grand succès à la boutique du Moma de Los Angeles en 2001 !
Je me souviens de ce monsieur un peu âgé et très sérieux emportant une clonette et une carte postale aux premiers jours de la boutique rue Quincampoix. J’avais compris définitivement l’ importance de cet achat.
Puis Sophie, vendeuse alors, est arrivée à me convaincre. Puisque tout le monde pensait que c’était des bougies, il fallait les faire en bougie … Oh non, c’était trop triste, et puis si, finalement. En effet, côté finances, le combat avait commencé, il fallait que Facteur Céleste vive, il fallait vendre à tout prix du produit, passer le cap de sa crise, « marketer »… Ce qui signifiait faillir à ma ligne de conduite et passer par les objets maudits, la bougie, le T-shirt et le sac publicitaire . Et je l’ai fait.
La clonette est devenue bougie. Le feu fait sa sculpture. Oui c’est du vaudou doux! Car la vie est cruelle et belle, et c’est le moment choisi pour l’allumer qui compte. Comme un encens pour les yeux. Les années brûlées-clonettes ont eu lieu.
Voici venir la troisième génération en pierre et bois cette fois-ci. En Afrique des sculpteurs donnent la vie à chaque poupée clonette imitée. La poupée en plastique des industries caduques a duré, la clonette des colonies a brûlé, elle renaît tendre et considérée, humanifiée.