Dans "mon" village, au sud du Burkina, j'ai pu enfin voir les femmes faire les enduits des murs en terre. Elles étaient 4, et ont travaillé toute la journée.
Elles commencent par mouiller le mur et appliquer à la main une couche de terre mouillée, puis une couche de boue à base de latérite rouge pour l'imperméabliser, puis une
couche d'enduit à base de bouse de vache, aux vertus protectrices. Avec la chaleur ambiante, les enduits sèchent au fur et à mesure. Avec une pierre arrondie, elles vont ensuite lisser le mur, puis le frotter avec une pierre calcaire qui va le colorer en blanchâtre.
Les femmes m'invitent à se joindre à elles. Elles rient en me voyant faire.
Je plonge ma main dans la bouse de vache, çà sent même pas mauvais ...
Benjamin, l'artiste du village, qui a fait toutes les enseignes de Tiebele, va peindre pour la première fois "à l'ancienne" avec un pinceau en plumes de coq.
Il connait les symboles, et pourra remplacer la femme qui les fait normalement et qui n'est pas là. Le colorant noir est fait à base de basalte. Après chaque passage, la couleur noire est lissée à la pierre ronde pour la fixer.
Les symboles sont les tambours, les oiseaux, les filets, les nattes. Elles m'ont laissée insérer une ribambelle que j'ai appelé la chaine de l'amitié (...) et dans un petit coin en bas à droite, un outrageux et incontournable arobase, dont les femmes ignorent le sens mais qui porte l'espoir de la jeunesse (encore une rêve), après les portables (déjà une réalité), ici à Tiebele.
Commentaires